Le paraffinage ou « wax-potting »

Dans cet article, je vais aborder le paraffinage, sans doute plus souvent rencontré sous son appellation anglo-saxone « wax-potting ».

MISE EN GARDE: ATTENTION POUR CEUX QUI VEULENT SE LANCER DANS L’EXPÉRIENCE, LE MÉLANGE DE CIRE EST HAUTEMENT INFLAMMABLE. N’UTILISER QUE DES SYSTÈMES SANS FLAMME OU DES BAIN-MARIE AVEC BEAUCOUP DE PRÉCAUTION. AU DELÀ DE CET AVERTISSEMENT, JE DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR QUICONQUE SOUHAITE RÉALISER L’OPÉRATION

Tout d’abord, en quoi consiste le paraffinage ?

Il s’agit de plonger la bobine d’un micro, voire le micro complet, dans un bain chaud de paraffine (ou plus exactement dans le bain d’un mélange composé de paraffine et de cire d’abeille, d’où « wax potting »).

Mais à quoi cela sert-il ?

Le paraffinage a pour objectif premier, d’éviter les problèmes de « microphonie ». La microphonie peut être décrite comme la susceptibilité du micro aux vibrations, en d’autres termes la susceptibilité du micro à des bouclages pas franchement musicaux et en général très désagréables et incontrôlables (« squealing » à ne pas confondre avec un bouclage provoqué volontairement dans une optique musicale).

En « scellant » les spires dans de la cire, on donne une certaine tenue à la bobine qui du coup est moins sensible aux vibrations mécaniques et n’entre plus en résonance par effet de bouclage (les spires en bougeant sont mobiles par rapport au champ magnétique et donc induisent un courant qui amplifié accentue l’onde sonore, qui amplifie les vibrations de la bobine … et ainsi de suite jusqu’au bouclage).

Ceci étant, ce premier point est en général le seul mis en avant pour justifier le paraffinage. Mais cette opération a également la fonction de donner à la bobine une tenue mécanique ce qui empêche cette dernière avec le temps de perdre sa cohésion (chocs de la guitare etc) et d’éviter à des spires de devenir lâches voire de se défaire ce qui peut à terme mettre la bobine en péril. Si ceci n’est pas critique sur des bobines peu hautes et avec des flasques conséquentes (ex: P90), cela peut le devenir sur des bobines plus hautes notamment sur des valeurs « surbobinées » où le bobinage arrive au bord de la flasque (voir photo exemple sur modèle type Strat).

Ce deuxième point (maintient mécanique de la bobine) est trop peu souvent évoqué et, à mon sens, sous estimé.


Concrètement, comment le paraffinage se réalise-t-il ?

On porte à fusion par chauffage un mélange de paraffine et de cire d’abeille. La cire d’abeille apporte un peu plus de souplesse au mélange une fois durci et évite le côté friable/cassant de la paraffine à basse température. Je n’ai jamais fait de test avec de la paraffine pure, mais on peut imaginer qu’avec une souplesse accrue, les variations de température engendrent moins de contraintes dans la bobine et la préserve davantage. Par ailleurs le point de fusion supérieur de la cire d’abeille augmente le point de fusion du mélange et évite en atmosphère surchauffée (rock’n’roll ?!) que le mélange ne perde de sa consistance. Ceci étant il existe des paraffines différentes avec des points de fusion plus ou moins élevés.
A l’inverse l’usage de cire d’abeille pure augmenterait le point de fusion à un niveau qui pourrait être dommageable pour la résistance de certaines bobines plastique susceptibles de se déformer voire de fondre.
Ainsi, le plastique utilisé pour les bobine de PAF originaux (« butyrate ») ne supporte pas de température élevée.
Il est important de contrôler la température du mélange et de la conserver en dessous de 65°C voire en dessous de 60°C pour du butyrate (mais à vrai dire je déconseille de plonger un PAF original dans un bain de cire, je ne le ferai pas moi-même lorsqu’on connait la cote d’un tel micro sur le marché de l’occasion … mieux vaut le conserver dans son état d’origine et s’équiper d’un autre micro le cas échéant)
Il suffit ensuite d’essuyer délicatement le surplus de cire avec un papier doux absorbant au sortir du bain.

Quelques remarques supplémentaires.

Le paraffinage peut, en figeant les spires, faire perdre un peu de vie au son du micro (par exemple les PAF originaux n’étaient pas paraffinés). Je conseille aujourd’hui un très léger paraffinage, par ailleurs pour les adeptes du jeu puissant et fort cela est une quasi nécessité pour un meilleur contrôle du son.

Certains fabricants utilisent des techniques de paraffinage sous vide (« vacuum potting »). Je pense qu’avant tout ces techniques apportent de la rapidité dans un process industriel, mais si on laisse dans un bain classique un micro pendant 10 à 15 mn la cire arrive au coeur du micro.
D’autres utilisent un double paraffinage (bobines seules une première fois, puis micro entier avec son capot dans le cas d’un double). Cela évite que d’autres parties entrent en résonance (capot par ex.).

Il existe d’autres façons de « sceller » une bobine: époxy, vernis, fil adhérent (« bondable ») thermique ou chimique (par trempage dans de l’alcool par exemple). Mais ces méthodes ne permettent guère d’intervention ultérieure sur la bobine, en particulier pour l’inclusion dans de l’époxy.